
FRANÇOIS AMICHIA: UNE FOI À SOULEVER LES MONTAGNES
A quelques heures de la cérémonie de tirage au sort qui signe le lancement officiel de la compétition, le Président du Comité d?organisation reste convaincu que rien ne saurait entraver la réussite de la CAN Côte d?Ivoire 23.
Dans quelques heures, il sera procédé au tirage au sort de la CAN 2023. Quel sentiment vous habite à l?heure de cette importante cérémonie ?
C?est depuis 2014 que la Côte d?Ivoire a obtenu l?organisation de cette édition de la CAN. Et depuis, des équipes se sont attelées à préparer ce grand événement. Nous arrivons dans la dernière ligne droite et cette ligne droite s?illustre par la cérémonie de tirage au sort qui, pour nous, marque le lancement officiel de tout ce qui entoure la compétition elle-même.
Donc, en même temps qu?il y a un sentiment d?impatience de passer à cette étape, en même temps nous mesurons la responsabilité qui est la nôtre. C?est une cérémonie qui est retransmise dans tous les pays africains et qui est suivie par de nombreux téléspectateurs dans le monde et donc, il faut réussir.
Nous nous sommes donné comme objectif de réussir la plus belle édition. Cela passe par le succès de cette première cérémonie et nous nous sommes donné les moyens de la réussir.
Vos équipes sont-elles suffisamment rodées pour tenir le pari de la CAN d?exception que s?est fixée la Côte d?Ivoire ?
Une CAN, c?est un grand événement. Ce sont 24 équipes qui sont qualifiées, six sites qui sont choisies dans cinq villes différentes. Et donc, il faut mettre des équipes aguerries à la disposition de la Confédération africaine de football.
Cette instance a d?ailleurs dépêché et continue de dépêcher des experts, des consultants ici à Abidjan pour parfaire avec nos équipes l?organisation.
Nous avons eu des matchs tests qui nous permettent d?être optimistes. Mais en même temps, ils ont révélé quelques fois des défaillances, des insuffisances et nous nous attelons, pour les trois mois à venir, à les réparer.
« Les Ivoiriens sont des perfectionnistes. Ils sont très exigeants. C?est la première fois qu?un pays est en avance dans les préparatifs », disiez-vous il y a quelques semaines lors d?une visite d?inspection à Yamoussoukro. Au regard des derniers développements de l?actualité, maintenez-vous toujours cette déclaration ?
Oui. Cette déclaration est toujours d?actualité. Les Ivoiriens sont des perfectionnistes. Ils sont exigeants. Par contre la deuxième partie de l?affirmation est à prendre aujourd?hui avec beaucoup de relativité, parce que il y a eu entre temps Ebimpé.
Ebimpé nous a révélé ce que nous n?espérions pas, mais qui pouvait arriver. Et c?est pour ça qu?on organise des matchs tests. Ceux-ci sont faits pour révéler ce qui ne va pas, où il y a des insuffisances, les secteurs qui ont besoin d?améliorations. Ebimpé nous a montré qu?il fallait être vigilant, travailler jusqu?à la dernière minute, mais surtout sur les détails.
Nous avions regardé de manière macro et les choses allaient bien. Mais dans le détail, il y a des choses à parfaire, notamment le problème des infrastructures; mais aussi le problème de l?organisation en général. Depuis cet événement, les réunions se sont multipliées pour pouvoir regarder de près chaque élément, chaque secteur de l?organisation, afin de ne plus revivre la même situation.
Quel est le secteur auquel vous atteler particulièrement en matière de réglages à faire?
C?est un ensemble. C?est vrai que les équipes vont évoluer sur le terrain, les téléspectateurs et les auditeurs ne verront ou n?entendront que ce qui se passe sur le terrain, en fonction de ce que les téléreporters ou radioreporters vont dire, mais d?abord il faut accueillir les délégations qui arrivent.
Il y a donc le problème de l?accueil, celui du transport, du transfert des équipes de l?aéroport à leurs hôtels, la sécurité dans les hôtels, toutes les mesures de sûreté et de sécurité qu?il faut maintenir, les terrains d?entraînement qui doivent être au point, les secteurs de la santé, de la connectivité, etc. Tous les secteurs sont très importants et sont liés. Il suffit qu?il y ait une défaillance, un maillon faible dans le système et tout pourrait dérailler.
Nous avons neuf commissions techniques qui travaillent de concert avec les départements ministériels qui ont la charge de ces secteurs. Elles feront en sorte que rien ne soit laissé au hasard.
Pour assurer le succès populaire de la compétition, quel message avez-vous pour le public sportif ivoirien?
Ce qui frappe généralement l?opinion dans l?organisation des compétitions africaines, c?est que quand le pays organisateur ne joue pas, l?affluence est moindre dans les stades. Nous nous sommes donné pour défi de remplir nos stades. Nous avons donc créé une commission ad-hoc Mobilisation afin de garantir le succès populaire et festif de ce grand événement.
Avec le secteur privé, les établissements et les différents comités de mobilisation, d?animation, les ONG, nous nous organisons afin que les stades soient pleins. Nouus voulons donner à chaque équipe qualifiée un tuteur, un mentor, qui aura à charge de l?accompagner, l?animer, de supporter ces équipes-là. Tout est mis en ?uvre afin que chacune des 24 équipes ait un lot de supporters. Nous pensons que cet événement qui est attendu par les Ivoiriens depuis 40 ans et par le monde entier, vu la capacité d?organisation de la Côte d?Ivoire des grands événements, doit être une source de motivation pour les uns et les autres à se rendre directement au stade pour vivre l?événement, et non se contenter de le regarder à la télévision ou dans un village CAN ou un Fanzone.
Les Comités locaux d?organisation de la CAN (COLOCAN) sont en train d?être installés dans les villes hôtes. Qu?attendez-vous d?eux?
En accord avec la CAF, nous avons pris la décision d?installer ces comités locaux d?organisation dans les cinq villes qui accueillent événement. La ville qui accueille deux groupes aura deux COLOCAN.
Les COLOCAN sont le relais entre le Comité d?organisation central, qui est à Abidjan, avec les forces vives des villes hôtes. C?est un travail très important. Avant l?installation des COLOCAN, des services ont été mobilisés et travaillent. Les préfets de région de ces villes hôtes, les élus locaux, les leaders d?opinion, s?attellent depuis des années à mobiliser les populations, à organiser leurs villes, à les rendre attractives afin de leur donner un visage reluisant.
Nous n?avons qu?à officialiser cela et donner quelques directives afin que cela soit fait dans un cadre bien précis. Nous attendons beaucoup de ces COLOCAN. Bien organisée, la CAN devrait avoir le même succès populaire dans toutes les villes hôtes.
Comment avez-vous vécu l?affaire Ebimpé?
Les matchs tests, comme je l?ai déjà dit, sont organisés pour voir comment les choses fonctionnent. Dieu nous a donné un signal fort en faisant cette pluie diluvienne, alors que nous sommes officiellement dans la petite saison sèche. Mais je crois que c?était pour nous permettre de déceler les défauts. Autant il y avait de la tristesse devant le spectacle que nous avons vécu, autant nous nous sommes dit: voilà une opportunité pour pouvoir faire les derniers réglages.
Et je crois que cela a été l?occasion. Les ministères techniques concernés se sont expliqués. Mais le plus important, c?est de faire en sorte que cela ne se répète pas. Tout le monde s?y attelle. Le gouvernement, le COCAN et toutes les structures impliquées dans l?organisation s?attellent à remédier, très rapidement, afin que le jour J, on puisse présenter une organisation digne de l?attente du chef de l?Etat, du gouvernement et des populations ivoiriennes.
Le COCAN s?est doté depuis sa dernière restructuration survenue en août 2022, d?un Organe principal de délibération, OPD. Qu?a apporté cet outil au fonctionnement du COCAN?
Organiser une Coupe d?Afrique demande de nombreuses compétences, demande une expertise avérée. La mise en place de l?OPD permet au Président du COCAN d?être entouré de personnes qui, dans leurs domaines respectifs, connaissent leurs périmètres. L?OPD qui se réunit une fois par semaine, et même plus quand le besoin se fait sentir, éloigne du Président le spectre de la solitude du pouvoir.
Quand il y a des décisions importantes à prendre, il est bon que cela soit partagé par des experts, par des compétences. Et c?est ce que l?OPD nous permet de faire. Chaque semaine, nous passons au peigne fin tous les points d?actualité, tous les secteurs de l?organisation afin de voir où nous en sommes et ce qui reste à faire.
Et ce n?est pas le Président et ses vices-présidents qui décident de quelque chose, mais l?ensemble des présidents des commissions techniques avec leurs chefs de projets qui les alimentent en informations, pour que les décisions prises soient collectives et engagent l?ensemble de l?équipe chargée de l?organisation de la CAN.
En soi, c?est une très bonne chose. Cela responsabilise toute une équipe et permet à chacun de voir que le travail individuel peut porter, mais ne portera pas loin, alors que le travail collectif nous permet de voir beaucoup plus loin et d?assumer ensemble tout ce qui se fait